A propos du projet Emkaprod et de son champ d’action :


14. Il n’y a de communauté que dans les rapports singuliers. Il n’y a jamais la communauté, il y a de la communauté, qui circule.
Glose alpha : La communauté ne désigne jamais un ensemble de corps conçus indépendamment de leur monde, mais une certaine nature des rapports entre ces corps avec leur monde. La communauté, dès qu’elle veut s’incarner en un sujet isolable, en une réalité distincte, dès qu’elle veut matérialiser la séparation entre un dehors et son dedans, se confronte à sa propre impossibilité. Ce point d’impossibilité, c’est la communion. La totale présence à soi de la communauté, la communion, coïncide avec la dissipation de toute communauté dans les rapports singuliers, avec son absence tangible.
Produire de la communauté en ce sens aujourd’hui, est certainement ce qui peut apparaître comme l’activité la plus subversive pour le modèle d’exploitation consumériste. Les principes de celui-ci, dépendants de l’objectif d’une cité globale uniforme où les individus ne sont plus mais où ne sont que des unités négligeables, des atomes flexibles et des consommateurs culturels qui échappent à l’inéluctable névrose qu’à coup d’anxiolytiques ou de déni sur leur propre rapport au monde, méritent que l’on s’échine à leur opposer une critique radicale, que l’on détourne leurs présupposés. Nous ne retrouverons le goût du progrès qu’en reniant ce que l’Empire exige de chacun de nous : être la somme de ses propres prédicats, de ses catégorisations, de nos qualités supposées, de tout ce qui est calculable, donc monétarisable et rentable. Le projet n’en est pas moins ambitieux : déprogrammer le consumérisme, c’est travailler sur de nouveaux paradigmes, de ceux que l’Impérialisme a toujours voulu inhumer.
Ainsi aujourd’hui, des modèles d’organisation parallèles d’économie réelle se multiplient et se développent de manière effrénée, constituant un véritable espoir pour ceux qui veulent s’arracher du consentement à collaborer au mondialisme toxique en développant des affinités et de la collectivité des moyens d'actions. Zones de gratuité, Fablabs, éco-lieux, AMAP, centres autogérés, campements de résistance, squats et zones d’autonomie temporaires et autres zones à défendre génèrent un nouveau réseau d’individuation psychique et collective mondiale par le réapprentissage de ce que les industries de services ont systématiquement cherché à séparer en nous, le goût retrouvé à créer, construire, innover et réparer par soi-même et en soi-même, le monde qui nous entoure. Ce faisant, ils réussissent, lentement mais surement, à générer de nouveaux paradigmes, une nouvelle pensée de l’humanité débarrassée des servitudes de l’époque.


"Un jour que le père Nicanor s'en vint le voir sous son châtaignier avec un damier et une boîte de jetons pour le convier à jouer aux dames avec lui, José Arcadio Buendia ne voulut point accepter car, lui dit-il, jamais il n'avait pu comprendre quel sens pouvait revêtir un combat entre deux adversaires d'accord sur les mêmes principes. Le père Nicanor qui n'avait jamais envisagé le jeu de dames sous cet angle, perdit toute envie d'y jouer."

Gabriel Garcia Màrquez Cent ans de solitude



Le projet d’Emkaprod se positionne là. Participer à ce grand réseau en étant créatif, proposer une sublimation du Do it Yourself, en se dotant des moyens de propagation du savoir technique contemporain, de celui qui se livrerait à nouveau à l’humain. Une nouvelle zone à l’ombre de l’irradiation continuelle et insolente de la longue agonie du capitalisme qui crie de toute ses forces qu’il faudra, quoi qu’il arrive, que l’ON sombre avec lui. L’individu qui se constitue pour lui-même ces outils, redécouvre en même temps l’attention nécessaire aux choses de la vie sans laquelle la constitution d’un tel savoir ne serait possible, sans laquelle se développe le cynisme généralisé et le discrédit. Ainsi, tout cela participe d’un mouvement de responsabilisation, celle là même qui est liquidée par l’idéologie court-termiste du consumérisme et de sa concubine, la spéculation. Couple destructeur régnant sur les misères symboliques, il se sera permis tout et n’importe quoi jusqu’à ce que se lèvent cette dernière génération, celle des enfants perdus de son Empire, cette génération à qui appartient l’issue de cette somptueuse apocalypse. 





Car nous pensons que cette époque où l'irréductible abîme matérielle et symbolique créée par la financiarisation à outrance ne doit pas nous faire oublier que les chemins de traverses sont présents et que certains s'acharnent d'ores et déjà à les baliser. Parce que nous ne faisons pas l'impasse sur la sagesse séculaire qui veut que nulle chose ne soit véritablement bonne ou mauvaise mais que cela dépende uniquement de l'usage que l'on en fait. Parce que l'envie de croire en des lendemains libres est plus forte que n'importe quel cynisme réducteur et complice de l'asservissement. Une boutique simple et sans prétention pour nous aider à prendre soin de notre long processus d'émancipation, à clarifier les informations, à les rendre intelligibles et à vous rencontrer. 







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 Projet:

Monter une autogestion sur un terrain de campagne, où seront créés des ateliers participatifs avec différents thèmes (la sérigraphie, une presse, l'autogestion en énergie, le jardinage et la consommation alternative...) et suivre l'évolution d'autres projets collectifs de la sorte, en leur proposant une esthétique, de la production graphique ainsi que toute chose que nous serions capables de leur apporter. Ce projet est évolutif, pour qu’il ne s'enracine pas et grandisse en rhizomes.

Mise en œuvre:

pour le financement de ce projet, nous avons choisi, plutôt que de quémander à un système qui nous nuit et qui pourrait s'accaparer l'énergie et les résultats de notre travail, de nous auto-financer en créant. Dans la force de l'indépendance que nous offre cette création, nous avons choisi de monter une entreprise de sérigraphie à la main sur textile, avec comme ligne directrice la transformation du porteur de marque en porteur de savoir. En effet, chacun des modèles est une œuvre d'artiste avec un engagement précis, référencé sur notre blog http://emkaprod.blogspot.fr/ par des dossiers non exhaustifs, pour ne pas imposer quelque forme de pensée que ce soit, mais plutôt pour attiser la curiosité des lecteurs.

D'autres types de moyens sont aussi en préparation pour nous permettre de récolter de l'argent pour ce projet, comme des ateliers ouverts ou des évènements et articles à prix libres (posters, cartes, concerts, ateliers divers etc)

Ce projet vous intéresse? vous voudriez participer à sa réalisation?
Il est aussi possible pour vous de nous aider, en nous donnant des contacts (pour un terrain, des ateliers, et toute idée qui vous viendrait à l’esprit), en faisant parler de nous, ou en nous achetant des vêtements.


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